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princesses de science

— Si je puis vous être utile en quoi que ce soit, madame, mon aide vous est acquise.

Thérèse, après une pause, reprit avec effort :

— J’ai, madame, une mère excellente à qui je ne dirais pas ce que je vais vous avouer. Je ne l’ai dit à personne, et c’est pour la première fois que ces mots, qui me coûtent beaucoup, vont sortir de mes lèvres. Je veux que vous sachiez cela, tout d’abord, pour comprendre quelle marque de confiance absolue je vous donne là. Je vous demande la vôtre en échange.

Madame Jourdeaux perdait son assurance agressive. Elle croyait sentir encore à son cou les bras de celui qui était le mari de cette femme, elle croyait entendre ses phrases passionnées, elle se rappelait ses baisers, son étreinte : elle devenait livide. Elle dit :

— Madame, vous avez toute ma confiance, encore une fois, si je puis vous rendre service, je suis à vous.

— Il y a quatre ans, continua Thérèse, j’épousais le docteur Guéméné. J’en avais vingt-cinq ; et, si ce n’est plus pour une femme la prime jeunesse, pour une étudiante qui s’est absorbée dans un travail ardu, c’est au moins encore une jeunesse sentimentale très neuve, très inexpérimentée, avec des idées fausses, quelquefois très larges, souvent très limitées. Je n’avais pas terminé mes études médicales ; le docteur me demanda d’y renoncer : je ne pus consentir. Nous nous sommes mariés et nous