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princesses de science

que ? Je vous conseille, mademoiselle, de potasser un peu votre auscultation.

Il avait voulu la prendre en défaut pour lui faire expier son retard. Elle s’écarta du lit, décontenancée, pâlissante, les yeux plus brillants encore que de coutume ; elle était frêle et touchante dans sa honte, étrangère, isolée parmi tous ces hommes, le cœur gros d’envie de pleurer, comme une petite fille.

— Mon cher maître, interrompit un tout jeune médecin, délibérément, le souffle extra-cardiaque, je l’ai perçu hier, d’une façon très distincte.

C’était un grand blond, à la moustache fine, aux yeux vacillants derrière le lorgnon. On s’étonna de sa hardiesse, car il tenait tête au grand Herlinge, ce que personne n’eût osé faire. Nerveux et fringant dans sa petite taille, Herlinge se redressa.

— Sacrebleu, mon ami, je voudrais bien savoir si c’est le bruit de galop que vous appelez ici extra-cardiaque !

La discussion s’engagea, aride et subtile, entre le savant et le jeune médecin qui, bravement, ne se dérobait pas. Dina Skaroff le regardait avec amitié, se sentant défendue par lui. Elle le connaissait un peu depuis qu’elle le voyait au cours d’Herlinge : il venait de fonder, rue Saint-Séverin, une clinique gratuite pour les maladies de cœur ; il s’appelait Pautel ; de lui, elle ne savait pas autre chose. Penché maintenant près du maître, il promenait