Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
princesses de science

sa main sèche et longue sur la chair enflée de la vieille femme ; et celle-ci, la tête en arrière sur l’oreiller, la bouche béante, subissait l’examen, passive : on eût dit un simulacre d’autopsie.

La visite se prolongeait. Madame Lancelevée, belle et fatale, suivait avidement la discussion, dont se désintéressaient peu à peu les hommes. Thérèse Herlinge donnait des signes d’impatience. Ses yeux ne quittaient pas l’horloge, une sorte de coucou dont le cadre noir tranchait sur l’intense blancheur de la muraille, près de la porte. La pensée de cet enterrement auquel, la veille, elle avait résolu d’assister, ne la quittait pas.

« Mais l’heure passe ! se disait-elle, en suivant la marche de l’aiguille, l’enterrement est à dix heures, à Saint-Séverin. Mon père n’a jamais tant fait traîner sa visite… »

Et l’on voyait ses doigts nerveux et impatients se jouer dans les cordons de son tablier d’interne, pendant que ses yeux, incessamment, se levaient sur l’horloge. Quand l’aiguille eut atteint dix heures cinq, n’y tenant plus, elle posa la main sur l’épaule de mademoiselle Skaroff.

— Dina, lui dit-elle à voix basse, prenez ma place, voulez-vous ? Je ne puis rester ici davantage. On enterre, ce matin, la tante de Guéméné. Il m’est impossible d’éviter cette cérémonie. Si mon père me demande, vous lui direz la cause de mon brusque départ.