Aller au contenu

Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dévora toutes les autres, et l’emplit de mélancolie. Elle n’eut plus dès lors de paix qu’elle ne fût allée consulter son oracle Ogoth, en dépit du coup de collier que donnait l’étudiante à la veille de passer sa dernière épreuve d’internat.

C’était après dîner ; on lisait en bas l’Histoire du moine Herménégilde ; Ogoth était depuis longtemps remontée travailler. Vittoria se leva, sortit du salon dans la grâce féline qui ne quittait jamais sa svelte personne, et monta l’escalier lentement, la main crispée à la rampe, la paupière tombée, comme fatiguée par la lumière ardente et drue que dardaient d’en haut les fils électriques. Elle gravit les deux étages, dans cette noblesse machiavélique qui l’apparentait si étroitement aux artificieuses princesses florentines, ses souveraines d’autrefois. Elle s’arrêta une seconde avant de frapper à la porte de la Norvégienne, un léger halètement aux lèvres, puis elle se décida à entrer.

« Ma pauvre Vittoria… » murmura l’étudiante d’un air de reproche, en lui montrant en même temps, les gros livres amoncelés sur sa table. Vittoria l’interrompit :

« Je sais que je vous dérange, Ogoth, mais il faut que je vous parle — un quart d’heure seule-