Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/108

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Le malheur, c’est qu’on ne sait pas toujours dédoubler les deux individus qui vivent dans ce terrible garçon : l’homme et l’artiste. Le premier estimable, honnête, loyal, au niveau de ce qui compose ce qu’on appelle la bonne société ; pas au-dessous, mais pas au-dessus. Le second, esthète, poète, sentimental, capable de mener, par l’ampleur de ses idées et la délicatesse de ses conceptions quintessenciées, la foule de ceux qu’il ne dépasse pas dans la vie pratique. C’est ce dernier que vous avez connu, c’est celui dont l’attention vous a tant flattée ; le premier c’est l’être égoïste et irraisonné qui a sacrifié votre sérénité, votre bonheur à son intérêt.

— Je m’en étais doutée tantôt, murmura Vittoria d’une voix étranglée où l’on sentait des larmes ; seulement, il me semblait que dans les arts, quand on voulait des modèles, on les payait, et que, si l’on ne trouvait pas de gens à solde, on s’en passait. »

Ogoth restait silencieuse, renfonçant sous sa manche noire la petite manchette blanche qui s’obstinait toujours à dépasser dans le mouvement de la plume.

« Maintenant, continua l’Italienne, c’est le tour de Mlle Maviel. »