Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/114

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luxueuses, ses éditions riches, la somptuosité palpable des belles-lettres qui est le raffinement de l’amour du Livre chez le lecteur artiste. L’Italienne connaissait quel prix Mme de Bronchelles attachait à ces exemplaires, pour la plupart illustrés et sur papiers rares, des meilleures œuvres de l’époque enrichies de dédicaces autographes ; et, dans son petit vandalisme féroce, elle rêva tout de suite de coups de canif distribués largement, à tort et à travers, aux pages de ces chefs-d’œuvre. C’était une vengeance délicieuse, car ces livres, le plus souvent prêtés au dehors, garderaient leur apparence élégante qui les aurait laissés circuler chez les amis de la maison, jusqu’au jour où le déchiquetage intime des feuilles serait révélé ; et alors le plaisir des dieux, pimenté des scènes drôlatiques qui ne manqueraient pas de naître, prendrait une saveur inconcevable.

Malheureusement pour Giuseppa, la petit clef minuscule qui fermait les portes vitrées n’était pas là, et le moyen extrême de briser les glaces, trop scabreux, l’aurait perdue.

Sur la cheminée, une admirable reproduction en marbre d’un autre marbre célèbre : « La jeune fille qui rit », dressait sa grâce. C’était un objet de grande valeur, que l’année passée les élèves de