Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/113

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du perron dont le vent coulis agitait follement la flamme de sa bougie, pendant que les deux voyageuses s’éloignaient d’un pas alerte que pressait l’heure.

« Il faudra qu’elle le regrette, se dit-elle quand elles eurent refermé la grille du jardin ; elle le regrettera. »

Et, le pas ferme, l’allure désinvolte, elle rentra, la prunelle élargie et étincelante par l’apprêt de quelque secrète machination élaborée dans son esprit mystérieux. Tout le monde, sauf ses sœurs qu’elle avait éveillées par un sabbat préalable, dormait dans la maison. Elle ouvrit la porte du cabinet de Mme de Bronchelles dont elle embrassa du regard le meuble somptueux.

L’heure de la vendetta était arrivée.

Le jour n’était pas encore venu ; le châssis des fenêtres et le dessin des rideaux commençaient seulement à se découper dans une lumière naissante ; tout le reste était obscur, sauf quelques objets blancs, marbres, albâtres ou porcelaines, qui ressortaient. Giuseppa fit quelques pas, pressa un bouton, et quand la pièce fut illuminée de la puissante et blanche lumière électrique, elle s’y enferma d’un double tour de clef. La bibliothèque s’offrait dans le fond, avec ses dos de reliures