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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/128

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tesse, elle eut la pénible impression qu’une illusion précieuse s’en allait encore de son esprit. Ce charmant homme perdait un rayon de l’auréole dont elle l’avait entouré ; elle ne lui donna pas raison, mais sa pensée s’en fut de suite avec un serrement de cœur vers Annette, dont la surprenante Norvégienne venait de diagnostiquer si nettement le cas ; Annette dont elle redoutait tant de voir couler les larmes, et qui peut-être était si proche de son premier chagrin. Elle se rappela mot pour mot les paroles de l’écrivain : « J’ai rangé dans ma mémoire ou dans mon intellect, comme dans un musée, les jeunes filles que j’ai rencontrées et étudiées ; j’y ai mis votre insaisissable Vittoria… » puis cette autre phrase, qui empruntait une telle menace de la précédente : « Annette y sera demain ». C’était donc vrai ; il allait s’intéresser à son aimable petit caractère, à sa jolie figure pittoresque, à son esprit pétillant, juste le temps de capturer dans son cerveau ce nouveau modèle de jeune fille. Et après, si sa pauvre petite créole enthousiaste avait donné naïvement son cœur dans la même illusion que l’Italienne !

Oh ! ce Nouvel ! Il lui apparaissait maintenant comme un cruel peintre d’oiseaux qui se serait amusé à prendre des colibris en les blessant, s’es-