Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/135

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J’avais pourtant un autre but ; ce n’était pas seulement un avertissement pour jeudi que je vous apportais, mais une curiosité, une curiosité bien permise… »

Son aisance habituelle s’en allait devant la question délicate qu’il n’osait pas poser. En réalité, sa visite n’avait pas d’autre but que de savoir le résultat de l’épreuve d’Ogoth ; mais le sujet était si épineux à aborder qu’il hésitait, comme s’il n’eût pas été l’homme souverainement mondain, l’auteur choyé des salons, le causeur parisien le plus adroit.

Par chance pour lui, Ogoth, qui était d’une très fine intelligence, et qui surprit son regard, le comprit.

« Je parie, lui dit-elle, que vous m’avez fait l’amitié de venir savoir si j’étais reçue à l’internat. »

Et à cette phrase si rondement dite, presque joviale, le jeune maître se méprit tellement, qu’il s’écria franchement joyeux :

« Mais tout juste, mademoiselle Ogoth, je suis venu vous féliciter.

— Eh ! non, vous vous trompez, lui dit-elle dans son impassibilité fatigante, ce sont des condoléances qu’il faut me faire, je suis refusée. »