Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/140

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ses deux mains les tempes délicates de la créole qu’elle embrassa.

« Ma petite amie, lui dit-elle, merci de votre sympathie, vous êtes bonne.

Dear me ! s’exclama à mi-voix Frida, regardez donc, Nelly, elle a pleuré ! »

Effectivement, dans les yeux éternellement limpides de la belle Norvégienne, que n’avaient émus ni l’effondrement de son ambition, ni les condoléances de ses amies, ni l’amer retour sur soi-même quand elle avait pesé après coup, dans la réflexion, le prix d’une espérance perdue, dans ses yeux de glace, le regard indiciblement compatissant et tendre de la petite « Café au lait » avait mis des larmes.

« Mademoiselle Ogoth, dit l’écrivain, si j’osais me citer moi-même, je vous rappellerais la phrase du pieux auteur de l’Imitation qui avait si bien consolé mon vénérable Herménégilde quand, au début de sa vie religieuse, il s’était vu refuser la dignité d’économe qu’il briguait.

— Dites toujours, monsieur Nouvel, dit Ogoth redevenue de suite sereine.

« — Souvent, reprit-il, un homme s’embarrasse beaucoup pour quelque chose qu’il souhaite, lequel, dès qu’il en est venu à bout, commence à