Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/143

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plus maintenant l’inquisition du tout-puissant liseur de pensées ; au contraire, elle se révélait elle-même avec autant d’aisance que près d’une sœur ; elle se confessait doucement, dans le ravissement de se sentir connue déjà de ce nouveau venu dans sa vie, qui lui disait : « Vous pensez ceci, vous aimez cela, voilà vos goûts, voici vos antipathies. » À la fin, Mme de Bronchelles s’approcha d’eux ; alors, la causerie dévia insensiblement vers un sujet moins intime ; ils parlèrent de M. Maréchal et du petit malade, mais ce fut pour s’unir encore dans une pitié qui, à être ainsi partagée, prenait un charme de délicieuse tristesse.

Il partit tard, s’excusant d’avoir changé l’heure régulière du coucher. Annette monta de suite, dans un recueillement mystique, et s’enferma dans sa chambre. Vittoria put trouver, dans l’escalier, l’occasion d’un rapide dialogue avec Ogoth.

« Êtes-vous convaincue de ce que je vous ai appris ?

— Soyez en paix, Mme de Bronchelles est prévenue. »

La signorina eut le sentiment qu’elle avait un peu éteint sa dette de reconnaissance envers la quarteronne, en donnant autour d’elle l’éveil du