Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/151

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nité, les jeunes filles, effarouchées par cette colère d’homme, s’étaient avancées sans bruit jusqu’aux sièges, où elles s’étaient alignées en silence ; Annette, abreuvée par la délicate souffrance de voir la peine de celui qu’elle aimait, baissait sa petite tête affligée dans l’effort inouï de retenir ses larmes. À une nouvelle pause de l’écrivain, elle leva les yeux vers lui dans une suprême expression de tendresse humble qu’il comprit. Il s’adoucit spontanément et fit un pas vers elle.

« Vous auriez été là, mademoiselle Annette, je suis sûre que vous auriez applaudi de confiance, n’est-ce pas, rien que pour épargner à un pauvre auteur la sottise de ma situation. »

Elle s’enhardit à ce ton particulier que le grand surcroît d’âge qu’il avait sur elle lui donnait.

« Mais ce n’est pas fini, dit-elle, on la rejouera votre pièce, c’est peut-être une malechance qui vous a amené pour la première fois ce méchant public ; les autres fois… »

Il sourit, apaisé par cette douce voix de fillette, comme le vieux Saül courroucé sous l’angélique harpe de David.

« Il n’y aura pas d’autres fois, dit-il, j’ai retiré ma pièce. »

La pauvre Annette avait les lèvres closes par