Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/17

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portières en Smyrne, un calfeutrage inouï de la cave au grenier, avec une profusion de bouches de chaleur, et tout cela laissant s’épandre dans les jolis appartements des jeunes étrangères une chaleur de serre tellement béatifique qu’on se demandait comment ces demoiselles pouvaient se promener à l’air piquant de l’hiver, du matin au soir, quand le nid était si douillet.

Un matin de février, très vif et très gai, comme le facteur, un paquet de lettres en main, mettait le doigt sur le bouton électrique de la grille, la porte du perron s’ouvrit là-bas, et un flot de jeunes filles en toilettes de sortie descendit les marches, précipitamment, les yeux anxieux fixés sur l’humble fonctionnaire français qui apportait peut-être des nouvelles du pays. En premier lieu venait miss Nelly Allen, enveloppée dans son collet de fourrure fauve d’où l’on ne distinguait pas sa chevelure, sa riche chevelure de la même couleur, exubérante sous son minime chapeau de toile cirée ; puis sa sœur aînée Frida, celle qui représentait la mélancolie dans la maison, une belle blonde aussi, au teint transparent, et qui devait être secrètement fiancée dans les Îles Britanniques, si l’on en pouvait juger à la façon dont elle parlait d’un certain mister Solomon,