Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/18

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lequel n’avait rien de commun avec l’auteur célèbre du livre de la Sagesse. Derrière les deux sœurs s’avançait plus posément la superbe Norvégienne Ogoth Bjoertz, la doyenne de toutes ses jeunes compagnes, à laquelle ses grands bandeaux noirs, ses yeux cernés de bleu, sa longue cape de drap uni, donnaient une étrange sévérité, et qui, elle, dans ce milieu léger de jeunes filles, figurait l’intelligence grave, laborieuse, opiniâtre, presque masculine ; Ogoth Bjoertz enfin, l’étudiante en médecine qui préparait sa dernière épreuve du concours d’internat, et qui, dans une petite chambre d’en haut, nuit et jour, travaillait ferme. Ensuite venaient Vittoria, Maria et Giuseppa Ormicelli, dont la peau sombre, les yeux flamboyants et la tignasse brune opulente disaient assez l’origine ; les plus jeunes de la bande, celles-là, trois gamines fantasques, délurées ou silencieuses selon la couleur du temps, et dont le soleil pâle de France n’avait jamais éclairé le tréfonds obscur de l’âme. Enfin, Gertrude Laerk, une singulièrement jolie et poétique petite Belge de vingt ans, fermait la marche tranquillement, sans lever de sur le facteur son regard gris plein de rêves placides.

Quelques-unes n’eurent rien de la poste, entre