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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/196

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l’amertume de ses semblables contre leur naissance, ce mépris du mulâtre pour la race qui l’a marqué, et que la chanson nègre accuse :

     Quand Mulât’monté su’chevaillo
        Mesdam
    Quand Mulât’teni un vieil habit
        Mesdam
  Quand Mulât’teni un vieux chapeau
   Li dit : « Négress’pas Maman yo ».
        Yo, yo, yo,
   Li dit : « Négress’pas Maman yo ».

Elle n’aurait pas eu honte de se marier à un homme de couleur, avec lequel elle aurait senti cette parité conjugale qui faisait ses désirs. Mais la pensée d’épouser un blanc par l’appât de l’or sur lequel son père avait compté l’écœurait maintenant d’un dégoût infini ; elle se révoltait contre le projet paternel, et, par la réflexion, elle se faisait encore plus sévère à l’égard de Nouvel.

« Est-ce bien lui, se disait-elle, est-ce bien lui qui a voulu cette chose atroce ! lui qui a fait Blés mûrs !

Et des réminiscences lui venaient — toutes frémissantes d’un sentiment délicat — de ce livre charmant qu’elle aurait voulu relire encore, pour y retrouver le Nouvel d’autrefois. Il n’était pas à sa portée ; près de son lit seulement, l’Histoire du