Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/197

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moine Herménégilde était posée. Elle prit le volume, et l’ouvrit à cette page, qu’au premier jour Mme de Bronchelles lui avait lue :

« Et il n’en était pas de ce commerce comme de celui des hommes, dont l’unique livre qu’il eût emporté dans le désert, l’Imitation, disait : « Ne vous mettez pas en peine de la familiarité de beaucoup de monde ou de l’amitié particulière de quelques-uns, car ces choses sont une source de distractions et de grands obscurcissements de cœur. »

L’obscurcissement du cœur ! c’était bien la punition de son amour, sans doute trop orgueilleux : car vraiment elle ne savait plus ce qui se passait dans son pauvre cœur, indécis encore entre aimer et mépriser. Mais n’était-ce pas un étrange délice de chercher des lumières et des consolations dans cette œuvre curieuse écrite par celui-là même qui l’avait abreuvée de chagrin ? Elle se mit à lire avidement le livre qu’elle eut bientôt, en le reprenant du commencement, dévoré page après page. C’était le récit, tracé d’une main si sûre, d’un homme lassé des hommes et peuplant la solitude qui lui sert de refuge d’une foule d’intérêts plus captivants, plus nobles, plus purs que les rapports humains, que, dans le