Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/203

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Alors, dans son cœur bouleversé, une lumière décisive et franche se fit ; elle vit la consolation devant elle, dans la personne de ce pauvre petit être souffreteux à guérir ; elle courut à lui, frémissante d’une inspiration bienfaisante, elle s’agenouilla devant sa voiture, elle entoura ses petites épaules fragiles de la caresse de ses mains et l’embrassa pieusement, en disant :

« Mon petit Étienne, me reconnaissez-vous ?

— Tiens ! » dit le pauvre gamin, dont la drôlerie mélancolique vous faisait venir aux lèvres des sourires presque douloureux.

Non, ce n’était pas aux bêtes et aux choses d’occuper sa petite âme désabusée, quand il y avait de pauvres enfants martyrs, des semblables malheureux à soigner, toute la famille des hommes souffrants qui appelait à l’aide. L’idée était demeurée encore très confuse dans son cerveau ; c’était le germe saint de la Charité que la tempête de la douleur avait déposé en elle et qu’elle sentait croître. Aussitôt, toute sa préoccupation de bienfaisance, d’abord généralisée, se restreignit à ce petit garçon dont la misère la frôlait. Elle ne savait pas au juste que faire pour lui, elle voulut amener la gaîté dans sa triste vie vieillotte, quitte à se dépenser toute dans cette tâche.