Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/204

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« Dites donc, fit-elle, voudriez-vous que nous nous promenions ensemble ce matin ?

— Dame ! ce serait tout de même plus gai » répondit-il, très à l’aise avec les femmes qui, depuis sa naissance, apitoyées sur son lamentable sort, le cajolaient, le dorlotaient, l’entouraient sans cesse.

Gertrude d’un côté, elle de l’autre, se mirent à marcher près de la voiture ; puis, comme la nourrice prenait une allée :

« Mais non, fit-il en pleurnichant, mais non, je voulais aller au petit Lac.

— Mon bon mignon, soupira la vieille femme, pas ce matin, je suis si lasse ! »

Annette s’arrêta brusquement :

« Attendez, dit-elle, je suis là, moi. »

Et, sous les grosses mains de la nourrice, à l’appui de la voiture, elle glissa les siennes, avec un grand effort pour pousser cette lourde machine grinçante et encombrante, qu’elle était malhabile à diriger.

La vieille servante était suffoquée et répétait sans rien trouver d’autre :

« Oh ! mademoiselle ! mademoiselle ! »

Et le premier sourire sur les lèvres de la créole fut ramené, à cette minute-là, par la stupéfaction