Aller au contenu

Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

viction ardente et son amusante minauderie, il est si bon, le pauvre gars !

— Comment feriez-vous donc, s’il vous fallait le quitter ? »

Étienne se mit à rire :

« Je ne le quitterai jamais, répondit-il avec une assurance qui était terrible à la pauvre Annette. Tenez, vous allez bien voir pourquoi ; je vais vous raconter cela parce que vous êtes mon amie. Une nuit, pendant que j’étais malade, j’ai eu un cauchemar, j’ai rêvé qu’Henri se mariait, il se mariait avec Mlle Ogoth et il s’en allait en Norvège, pendant que moi je restais tout seul avec nourrice. Je me suis réveillé, juste comme j’entendais la voiture qui les emportait rouler sur le pavé. J’ai raconté tout à Henri, et il m’a dit : « Tranquillise-toi, ma petite » car c’est drôle, n’est-ce pas, je suis un petit garçon, et il m’appelle toujours sa petite, — « tranquillise-toi, ma petite, je ne m’en irai jamais ; je suis marié avec toi, nous vivrons toujours ensemble. » Maintenant voulez-vous me ramener, dites, Annette, il croirait que je suis malade ? »

Annette obéit passivement. Le trouble était rentré dans son âme. Tous les genres de bonheur lui étaient donc refusés à la fois ! L’amère saveur