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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/21

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Gertrude Laerk, une délicieuse petite âme sevrée de tendresse, loin de son pays, l’aimait avec une dévotion toute particulière, qu’elle n’avait jamais dite, mais qui transparaissait, et dont cet acte minime, lui apporter la joie d’une lettre, était l’une des ordinaires manifestations.

« Voilà mon petit facteur, dit Mme de Bronchelles en laissant tomber sur ses genoux le journal qu’elle lisait. A-t-on reçu des nouvelles du papa et de la maman, Gertrude ?

— Non, madame, il n’y a que cela pour vous, moi je n’ai rien.

— Pauvre petite ! Faites voir ma lettre… Belle écriture, mais inconnue ; cela n’est pas d’une main amie, nous la lirons plus tard. Et vous, Gertrude, n’allez-vous pas vous promener avec les autres ?

— Je suis lasse ! » dit la jeune fille, avec un sourire nonchalant qui découvrit ses belles dents un peu grandes mais ciselées à ravir.

Et elle s’assit sur un petit divan oriental, près du fauteuil de Mme de Bronchelles.

« Laissez-moi me reposer un peu, voulez-vous, madame ? un petit moment tout court où vous me lirez quelque chose de joli, ou bien où vous me raconterez une histoire ; je vous promets d’aller