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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/212

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encore toi qui vas me conduire aujourd’hui, n’est-ce pas ?

— Mais, mon bon chéri, reprit vite la nourrice en le regardant d’une manière significative, tu ne penses pas à ce que tu demandes là ! Une demoiselle ne traîne pas une voiture au Bois.

— Pourquoi pas, mon Dieu ! s’écria Annette en riant ; vous allez voir ! »

Les Anglaises, auxquelles elle avait demandé de l’accompagner, étaient là, près de Gertrude ; Nelly dit à Frida :

« My goodness ! regardez donc, on va la prendre pour la servante ! »

Et c’était bien un peu cela qu’elle se faisait, la pauvre Annette ; servante assujettie aux caprices de cet enfant souffreteux. Elle se fatigua à conduire la pesante machine, partout où il lui disait d’aller ; s’arrêtant sur ses ordres, rebroussant chemin à sa volonté, sans souci des promeneurs qui attachaient à son rôle une demi-domesticité. C’était un mystère si attristant que la vie de ce malheureux petit être, vacillante, douloureuse, sevrée des joies les plus élémentaires, et perpétuellement menacée, que, pour réparer ce qui lui paraissait l’iniquité de cette condition, elle lui aurait tout sacrifié.