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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/213

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Mars commençait ce jour-là ; et déjà il soufflait des rafales qui roulaient des nuages sinistres au milieu du ciel bleu. Le soleil chauffait aussi plus dur, et l’on sentait dans ce milieu très végétal une énergie sourde de la nature, qui pénétrait jusqu’aux plantes humaines et vivifiait les corps ; le vent et le soleil combinés vous fortifiaient. Annette poussait bravement son cher bagage, sans s’apercevoir que des gouttes de sueur sourdaient sous la laine frisée de ses cheveux. Depuis quelques minutes l’enfant, que nul effort n’avivait, s’alanguissait sous la tiédeur de l’air ; il ne parlait plus ; un instant, il étendit mollement son bras vers une porte.

« Par là, veux-tu ? fit-il à mi-voix.

— Pourquoi donc ? dit Annette ; veux-tu t’en aller ?

— Non, répondit-il après quelques secondes dans un bâillement étouffé ; mais peut-être qu’il… peut-être qu’il va venir… »

Qui donc ? Annette ne le sut pas, tout intriguée qu’elle fût par cette annonce énigmatique. Alourdi par une grosse fatigue d’enfant qu’engourdissait encore le travail atmosphérique des giboulées et de l’électricité latente, il était retombé endormi dans le fond de la voiture. Et Annette se sentait toute seule dans cet endroit où de rares passants