Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/239

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d’altruisme et de dévouement presque inimaginable. Et vraiment, ce sentiment était bien pénétrant et doux, comme le disait Mme de Bronchelles ; il s’insinuait comme un parfum dans une étoffe, il était reposant et apaisant, il guérissait les amertumes du passé.

« … Et vous le rencontrerez sur votre chemin cet homme-là, soyez-en sûre, Annette ; qu’il vienne dans de longues années ou demain, vous ne devez pas le repousser à l’avance par une décision systématique.

— Écoutez, madame, dit-elle les yeux à terre, dans une réflexion ardente ; si un homme m’aimait vraiment, avec l’insouciance du luxe que je lui apporterai, s’il méritait vraiment mon estime et qu’il me fût sympathique, je ne demanderais pas mieux que d’être sa femme.

— Eh bien, Nouvel ?

— Oh ! lui, c’était différent, s’écria-t-elle en se levant pour éviter d’autres réponses et s’enfuir ; lui, c’était différent, je ne l’aimais pas ! »

Et quand elle fut seule le soir, la nuit, dans ses courtes insomnies de jeune fille, la dernière phrase de Maréchal qu’il avait dite d’une voix troublée, avec une émotion inconnue dans la force tranquille de ses traits, lui revenait toujours :