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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/240

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« Vous êtes une petite sibylle bienfaisante. » Pourquoi ces mots anodins l’avaient-ils frappée ? pourquoi les avait-il prononcés de cette façon et non pas d’une autre moins profonde ou plus banale ? Pourquoi la disait-il bienfaisante, comme si elle lui avait fait quelque bien par ses consolations sans grand fondement ? Pourquoi l’avait-il appelée « petite sibylle », ce vocatif caressant qui impliquait un sentiment protecteur, comme s’il eût été quelque chose pour elle, et elle pour lui ? Pourquoi la poésie étrange de ce nom de sibylle qu’il lui avait donné à elle, une inconnue ?

Elle le revit peu de jours après, au Bois. Ce soir-là, Étienne avait les yeux rouges, et quand il restait quelques moments pensif, sa petite lèvre recommençait à frémir comme s’il allait encore pleurer. Maréchal se promenait à quelque distance de la voiture, ferme et impassible comme d’ordinaire. Annette comprit que le moment était venu où le secret qu’il voulait lui révéler lui-même allait lui être dit, et elle embrassa d’un regard la longue voiture, comme si c’était la dernière fois qu’elle la voyait sans désespoir.

« Mademoiselle Annette, dit gravement Maréchal, je suis venu moi-même vous annoncer une nouvelle assez importante qui concerne Étienne ;