Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

main avec sa large adresse qui forçait la vue, qui était presque indiscrète, qui réclamait la lecture.

À la fin, lassée de chercher l’histoire fuyante, agacée de ne pouvoir échapper à l’obsession de cette enveloppe, elle saisit l’ouvre-lettres et rompit le papier.

La lecture fut longue et deux fois renouvelée, pendant que la pauvre petite Belge poursuivait le travail de tresser ses franges machinalement, écrasée par le dégoût. Elle avait laissé chez elle deux petits frères jumeaux qu’elle adorait, puis son père et sa mère, et les chères figures la hantaient sans cesse.

Tout d’un coup, Mme de Bronchelles, l’air très impressionné, l’interpella doucement :

« Vous vouliez une histoire, Gertrude, une histoire vraie ; en voici une qui va vous agréer doublement, puisqu’elle est prise dans le vie réelle, selon votre désir, et qu’elle met en cause l’une de vos futures compagnes de demain. L’histoire m’est contée par la lettre, et la lettre est d’un de mes amis d’enfance, disparu pour moi depuis vingt-cinq ans. Je l’avais connu, petit garçon, aux bains de mer ; nous nous retrouvions chaque année sur la même plage, enfants d’abord, jeunes gens ensuite ; puis il entra dans la marine, on ne