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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/23

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natal, plutôt que de l’envoyer cultiver loin d’elle ; et pour toutes, qu’elle embrassa dans son esprit, depuis celle-ci — la plus aimante — jusqu’à la farouche Italienne Giuseppa, elle conçut un nouvel élan d’affection maternelle plus intime et plus doux.

« Ma pauvre petite Gertrude, quelle histoire voulez-vous que je vous raconte ?

— Oh ! n’importe, ce sera toujours amusant ; mais plutôt une histoire vraie. »

Mme de Bronchelles sourit tristement ; les histoires vraies ! comme il fallait être jeune, pensait-elle, pour s’imaginer que le réel est amusant ! Ce qu’on voit autour de soi, même au bout de quarante ans, comme c’est toujours la même chose !

Et, tout en suivant ce cours d’idées un peu amères, elle feuilletait, elle fouillait les papiers, les brochures, les lettres, accumulés sur sa table de travail, dans l’espoir de s’évoquer quelques souvenirs intéressants à raconter ; mais rien ne lui venait à l’esprit, d’autant moins que, pour remédier à cette crise de spleen qu’elle voyait la triste enfant traverser, elle voulait un conte à relief, quelque peinture vive, propre à renouveler les idées, et c’était, comme exprès, toujours l’enveloppe importune qui revenait se placer sous sa