Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/242

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fesseur libre là-bas. Ah ! mademoiselle Annette, ç’a été dur de renoncer à ma carrière si longuement préparée ; mais il y a une chose qui me coûte plus, une chose que je fais pour le petit, mais dont il ne saura jamais le prix. Et tenez, pourquoi ne vous le dirais-je pas ? Je vais partir, nous ne nous reverrons sans doute jamais, et vous me connaissez si peu que le secret que je vais vous dire sera bien vite oublié. Pourtant, si vous avez quelquefois dans votre vie heureuse des jours de tristesse, dites-vous que quelqu’un vous a une fois silencieusement aimée ; que vous avez été adorée dans le secret par un cœur qui se savait irréparablement séparé de vous, et que le trésor qu’est votre âme de jeune fille a été connu et vénéré par le malheureux être qui s’appelait Henri Maréchal. Maintenant, mademoiselle Annette, disons-nous adieu ; promettez-moi seulement de garder le mystère de ce que je viens de vous dire ; ce sera le seul lien qui puisse rester entre nous, que ce secret ! »

Annette mit sa main devant ses yeux qui s’emplissaient de larmes. Cet aveu douloureux traduisait si bien ce qu’elle avait rêvé de l’amour ! C’était si exactement ces paroles qu’elle voulait entendre de celui auquel elle s’unirait. Et aussi,