Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/254

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s’applaudit de l’avoir écrite. Elle savait que l’écrivain traversait une crise de découragement et d’apathie morale, mais qu’il y a dans l’énergie des autres quelque chose de fort qui se communique, et elle pressentait que l’évocation d’Ogoth agirait heureusement sur Nouvel.

Pourtant, elle ne s’attendait pas à la réponse qui lui revint courrier par courrier, quatre jours après ; une lettre si dissemblable de ces derniers billets hâtifs où, de sa grosse écriture nonchalante, André Nouvel traçait des aphorismes de mauvaise humeur : « Dites à Mlle Ormicelli que je suis à Florence, mais ne lui dites pas que je m’y ennuie mortellement ; elle en aurait trop de plaisir », ou bien : « Pardonnez-moi de ne pas écrire, j’ai des idées couleur du vilain ciel gris d’Italie. » D’un coin perdu de la Toscane : « Vive la Sologne ! ma cousine ; j’aimerais mieux nos plates étendues berrichonnes que la plaine maussade où je vois errer, en corselets rouges, des douzaines de Vittorias aux yeux obliques et perfides. Ne rions plus de la jettatura. »

Cette fois, la missive avait l’ampleur d’une confidence et l’on y devinait un homme changé, maître de son imagination et non plus maîtrisé