Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/253

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« Gardez-vous de penser d’ailleurs qu’elle fasse piteuse mine devant cette ruine d’ambition. Elle retourne à l’hôpital chaque matin, pour le seul intérêt d’un cas curieux qu’elle y rencontre, et dans quinze jours elle me quittera pour sa Scandinavie. Elle m’a dit combien elle avait approfondi les sciences physiques, et comme il lui serait aisé d’exploiter chez elle ces connaissances, dans quelque école supérieure. « De telle sorte, ajouta-t-elle, que tout se réduit à aiguiller ma vie vers une nouvelle direction », et quand elle dit cela, « aiguiller sa vie », on croirait vraiment qu’il s’agit tout simplement d’un gros chemin de fer, poussé de droite ou de gauche par une inflexion de rail, sous la volonté du premier manœuvre venu.

« Nous sommes loin de ces jeunes hommes éplorés qui, pour une déception d’amour-propre ou de cœur, s’en vont promener leur mélancolie dans les plus beaux pays du monde, dont ils n’ont même plus le courage de savourer les splendeurs. Je vous laisse, pour ce qu’il vaut, l’exemple de cette héroïque fille, qui, sous l’influence des événements, sait se recréer encore, à son gré, une destinée nouvelle. »

Sa lettre une fois close, Mme de Bronchelles