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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/256

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que j’aie pu approfondir comme il convenait cette créature d’exception. Ne prenez pas au sérieux, en effet, les esquisses morales qu’en bavardant je vous avais tracées d’elle ; il y a loin de ces caractéristiques rapides à l’étude réelle qu’elle mérite, comme de la photographie à un portrait plein de pensée et de frémissements. Je n’ai point pénétré, et vous ne l’avez pas connue davantage, je pense, l’énigme de cette étrange jeune femme. Certes, nous connaissons à peu près son cerveau, mais son cœur ?…

« La manie professionnelle me tourmente si fort, quand je vois fuir ce curieux modèle dont je n’ai pas su profiter, que j’ai désorganisé tous mes projets pour tâcher, un dernier coup, de la pousser jusqu’aux retranchements de son intimité qu’elle dérobe, de savoir s’il n’y a pas autre chose en elle que la statue pensante dont vous parlez. J’espère que vous ne m’accuserez pas, dans la circonstance, d’agir inconsidérément, ni de bouleverser à la légère une imagination sensible. Mlle Bjoertz n’a rien de ces fillettes rêveuses, férues d’illusions romanesques, près de qui, je le reconnais humblement désormais, un homme doit se tenir sur ses gardes. Elle a trop pensé pour n’avoir pas une expérience très large, et elle voit trop juste