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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/259

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quand en souriant à demi elle replia la lettre ; il va mieux, car voilà qu’avant d’étudier les autres, il s’étudie soi-même. »

Et elle s’en alla présider le repas du matin, entendant que tout son jeune monde descendait en babillant Ce jour-là, on fêtait la bienvenue de deux silencieuses petites personnes venues tout droit de Stuttgard ; en ouvrant la porte, elle se trouva face à face avec elles. C’étaient deux sœurs jumelles, habillées pareillement de deux longues redingotes en drap bleu aux poches desquelles elles cachaient leurs mains rouges ; elles avaient quinze ans ou elles en avaient vingt ? mais leur taille de long arbrisseau bien planté, carrée aux épaules, dépassait de plusieurs doigts l’ondulante sveltesse de Frida Allen, laquelle, sous l’influence d’une secrète confraternité de Saxonnes sans doute, les enveloppait d’un regard sain et doux.

« Mlles Fräulein », disait-on à la pension du Sphinx où l’on était moqueur, pour rappeler le vocatif dont les saluaient les quatre servantes. « Catherine et Hilda, avait écrit leur mère, qui ne connaissaient pas un mot français. » Elles avaient des cheveux épais couleur d’acajou, tordus serrés à la nuque en un chignon mesquin, et de grands yeux gris vagues et un peu fous