Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/281

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que la jeune fille lui promettait l’envoi des roses d’adieu, selon la coutume norvégienne.

« Comment appellerez-vous votre pension, ma cousine, dit-il, quand le Sphinx l’aura quittée ?

— Ce sera la maison des Regrets, et je connais quelqu’un qui n’y voudra plus revenir. Le Sphinx ôté, qu’y restera-t-il ?

— Vous, ma cousine, et toutes vos petites amies qui sont charmantes, tout aussi charmantes que cette Johannah ! »

Quand l’omnibus roula sur l’asphalte du boulevard, emportant dans la nuit un bruissement de volière, Mme de Bronchelles se rappela cette phrase qui n’était pas dépourvue d’amertume. D’ordinaire, Nouvel n’avait point coutume de se défendre ainsi de certaines admirations d’artiste que lui avait inspirées telle ou telle femme, et elle se demandait quel sentiment était en train de le prendre pour cette étudiante pauvre de laquelle il se préoccupait tant soudain. Elle connaissait trop cette nature masculine, pour soupçonner qu’il s’irritât simplement contre une indifférente et, en même temps, elle ne pouvait oublier l’accent dont il avait prononcé : « Cette Johannah ! »