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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/280

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peu, elle reprit le livre et recommença de lire. Elle possédait si savamment ce français qu’elle parlait depuis l’enfance, qu’on aurait pu douter si une translation de langues se faisait vraiment dans son esprit au cours de cette lecture rapide. Pourtant, Nouvel ne l’écoutait plus que distraitement ; il ne pouvait songer qu’à ce départ d’Ogoth, et l’homme vaniteux qu’il était se dépitait de la voir si tranquille et indifférente devant une pensée qui le remplissait, lui, de chagrin.

À minuit, bien que le second chapitre de Johannah ne fût pas encore achevé, la méthodique Ogoth s’arrêta net, au plein de la page, et, comme elle disait à l’écrivain ses regrets de ne pouvoir lui faire connaître l’œuvre dans son entier, Mme de Bronchelles qui s’était levée de son côté, et qui rassemblait son troupeau, vint à eux.

« Eh bien ! Nouvel, que dites-vous de ce livre ?

— Mauvais ! répondit-il avec humeur ; c’est la glorification d’un type de femme exécrable, celle qui ne sait pas aimer. Cette Johannah est un jeune monstre, si belle et si grande qu’elle soit. »

Ils s’aperçurent ensemble qu’Ogoth les avait laissés pour aller faire ses adieux à la vieille dame Nouvel vit sa mère l’embrasser pendant