Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/292

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des yeux qu’on ne connaît pas pour lire dans les âmes ; elles voient ce qu’on leur cache, elles discernent si l’amour qu’on leur offre est celui qu’elles veulent ; elle n’a point voulu du mien — elle avait raison. »

L’auteur du Moine Herménégilde qu’on avait traduit en quatre langues, et de Blés mûrs que toute l’Europe lisait, l’homme célèbre dont Paris et la province, en ouvrant leur journal, connaissaient les faits et gestes, le mondain qui était un prince de l’élégance et le raffiné en coquetterie morale qui se flattait inconsciemment des plus sentimentales délicatesses, se leva sur cette confession et partit, ayant baisé la main de Mme de Bronchelles. Celle-ci, atterrée, n’avait pu ajouter qu’une phrase de banalité au stupéfiant aveu qu’elle venait d’entendre.

Un coin de son rideau relevé, elle le regarda quand il traversait le jardin. Il fit un détour du côté du sphinx où Ogoth avait coutume de lire ; elle vit qu’ils se serraient la main et que Nouvel s’éloignait en prononçant une seule parole qu’elle aurait brûlé d’entendre. Elle le suivit des yeux jusqu’à la grille, où il se retourna pour apercevoir encore l’étudiante, elle le vit disparaître par l’allée touffue qu’était le boulevard.