Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/291

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salon où l’on riait tant cet hiver… le tête-à-tête avec ma lampe… »

Mme de Bronchelles vit qu’il avait regardé, en parlant, la petite photographie d’Annette qui lui faisait vis-à-vis sur la table. Elle n’ignorait pas que lorsqu’un homme a une fois eu en tête l’idée très ferme du mariage, il lui en demeure pour longtemps une conception du bonheur qui n’est pas celle du vieux garçon, et que la solitude prend pour lui un aspect inconnu autrefois. Elle pensa que le seul souvenir de la créole avait ressuscité chez l’écrivain les riantes images, déjà effacées à demi, de la vie à deux.

« Pardonnez-moi, dit-elle, en saisissant le cadre qu’elle dissimula sous un chiffon, je n’aurais pas dû vous laisser voir cela. Je vous ai peiné sans y songer.

— Eh ! laissez-moi donc la regarder, la pauvre petite ! Son image ne m’est que douce, allez ! Mais voilà, Maréchal avait raison, je n’étais pas digne de recevoir le bonheur de ses mains ; il y avait un calcul dans mon idée initiale de l’épouser ; certes, je la trouvais adorable, mais elle était riche, il s’est fait un mélange d’amour et d’ambition… et les femmes, voyez-vous — pourtant celle-là n’était qu’une enfant —, les femmes ont