Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/310

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et que nous restâmes, elle et moi, l’un près de l’autre. Alors, je lui racontai comment un soir, la chère maman me voyant tant de peine m’avait dit « Veux-tu que nous allions en Norvège tous les deux, lui demander de ne plus te faire de chagrin ? lui dire que je serai fière d’une fille comme elle ? » et comment le lendemain nous étions partis.

« — Cher monsieur Nouvel », m’a-t-elle répondu — sa voix tremblait, elle était devenue la plus douce, la plus tendre des jeunes filles, — « je n’ai que mon cœur à vous donner ; prenez-le et gardez-le toujours, dans la vie et dans la mort. »

« Et depuis, je l’ai pour moi ce cœur si fort, et si grand, où je trouve la sagesse qui oriente ma vie et le bonheur qui dépasse tous les mots. J’apprends à être simple et je découvre le sens de la bonté. Je suis devenu le disciple de ce cœur de femme que longtemps ni vous ni moi n’avions deviné. Et quand je vous l’amènerai dans votre villa du Sphinx, la chère Ogoth, vous me direz si je ne vaux pas un peu plus qu’autrefois. « Les fiancés norvégiens, le jour qu’ils s’accordent, disait hier le père Bjoertz, font au repas l’échange de leurs verres ; vous autres, vous