Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/309

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fleurer ce charme, ayant trop à ce moment l’âme ailleurs pour en jouir ; mais quelle arrivée et quel souvenir !

« Dans le vieil homme un peu majestueux qui nous a reçus, j’ai reconnu le père dont Ogoth tient ses yeux et son âme. J’ai dit mon nom, qui ne lui a peut-être rien appris, mais je me suis dit Français, et il m’a souri en nous faisant entrer.

« Alors, ma cousine, imaginez ce que j’ai pu sentir, quand, au fond du petit salon vétuste, à quatre cents lieues de chez nous, au milieu de tout cet étrange et de tout cet inconnu, je l’ai revue, elle, l’admirable amie, telle qu’on la voyait familièrement dans votre cabinet le soir ! Je n’ai pu deviner son illisible pensée lorsqu’elle m’eut reconnu ; mais quand ma mère, qui avait préparé pour cette entrevue de belles et savantes paroles, ne put que lui ouvrir les bras et se taire, et qu’Ogoth comprit pourquoi cette vieille femme et son fils la venaient chercher au bout de l’Europe, elle me regarda, et je connus, de cette minute, qu’elle se fiançait à moi de toute son âme.

« Madame Bjoertz, qui entrait alors, entend un peu le français ; je ne sais trop ce qui se passa, et je n’aurais même su le voir ; je crois que les parents se rapprochèrent d’instinct pour causer,