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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/33

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blanchissait encore le teint de cire, arriva à son tour toute pâlissante ; enfin, Mme de Bronchelles ouvrit dans le fond du corridor la porte de son cabinet, et s’avança vers le jardin, les traits légèrement altérés.

Elle ne se souvenait pas d’avoir jamais été à ce point remuée par l’arrivée d’aucune élève. Les choses se passaient d’ordinaire administrativement, l’affaire s’élaborait tranquillement à l’avance par lettres ; on échangeait des références, voire même des photographies ; la jeune fille apparaissait au jour marqué ; on lui faisait une aimable réception, et on lui promettait de la cordialité pour tout son séjour, sachant qu’il s’agissait simplement de lui faire agréer la France, tout en cultivant son esprit. Cette fois, c’était bien autre chose. La nouvelle venue demandait un refuge contre la malignité de son propre pays ; malgré sa grosse fortune, c’était une déshéritée, et on lui ouvrait la porte, comme on ouvre une cage à un pauvre petit oiseau maltraité par les siens. Quant à la tâche confiée, elle ne se bornait pas à inoculer les mœurs parisiennes à la créole, Mme de Bronchelles avait trop bien compris l’intention paternelle, il fallait marier Annette. Et cet insupportable devoir, pour lequel