Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/36

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entouraient le fiacre et le cocher qui déchargeait les malles d’Annette ; elles commencèrent à faire la navette entre la porte et la chambre de la jeune fille, les bras encombrés de cartons à chapeaux, de petites caisses, puis des châles et des couvertures dont la frileuse voyageuse s’était enveloppée tout le long du trajet ; les doublures de soie bruissaient ; des parfums de fruits exotiques s’échappaient des caisses ; le cocher marchait à petits pas, l’échine ployée sous la grosse malle lourde ; ce n’était pas là le campement habituel des jeunes hôtesses — britanniques ou autres — qui venaient en passant, munies d’une légère et portative malle de nomade ; on sentait ici, dans ce réel déménagement, la Française qui s’installe, qui ne sait pas ce que c’est que de faire hôtel quelque part, mais qui tend toujours à se reformer partout un intérieur pareil à la maison quittée.

Maintenant, le vieil ami de Maviel qui avait accompagné la jeune fille pénétrait avec elle dans le cabinet de Mme de Bronchelles, et Annette insouciante, le cœur gros de la séparation mais avide quand même de tout le nouveau que demain lui préparait, s’approcha d’une fenêtre et souleva le rideau.