Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/45

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génération, et, par une loi incontestable d’hérédité, il se fait que maintenant chaque individu de cette race naît avec les défauts et les déchéances morales que la vie de serfs a insinués lentement dans la collectivité de ses ancêtres. De sorte qu’on a beau affranchir les noirs, abolir l’esclavage, libérer la race, les nègres viennent encore au monde esclaves comme leurs pères, sinon effectivement et socialement, du moins dans leur vie morale. Je veux dire qu’ils ont la bassesse, la servilité, les ruses, les jalousies des esclaves. On appelle cela l’atavisme, Vittoria. Cette nouvelle venue, Mlle Maviel, dites-vous, dont l’un des parents appartient sans doute à une classe élevée de la société européenne, nous apporte ici un spécimen de ce phénomène. On n’est pas absolument soi-même ici-bas ; on est avant tout le fils de ses ancêtres ; on emprunte un peu, à chacun, de ce qu’ils ont été, et le caractère est le résultat de ce singulier héritage. Quelquefois, c’est d’un seul aïeul que l’on descend ; l’hérédité saute deux ou trois générations pour former notre nature, et alors elle reproduit l’ancêtre trait pour trait. Regardez-moi, j’ai la conviction d’avoir hérité mon goût violent pour la médecine de mon grand-père, le docteur Hans Egelmar, qui était