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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/50

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C’est une bien simple histoire, cette fille aînée, Martiale, qui élève ses petites sœurs tout en aimant son beau cousin Henri, et qui lui répond, chaque fois qu’il la demande en mariage : « Plus tard, plus tard ». À la fin, cela devient poignant, ces deux mots qu’elle dit toujours de son air placide. Mais c’est le dénoûment surtout qui est navrant ; vous rappelez-vous le dénoûment, Gertrude ? quand les petites sœurs sont mariées, que cousin Henri revient de voyage, mais que la pauvre Martiale est devenue une vieille fille, plus jolie du tout, et que son amoureux cesse d’aimer chaque fois qu’il la revoit ! Tout le temps que je lisais cela, à la Martinique, je me disais : « Faut-il que l’auteur ait du cœur, du sentiment, de la délicatesse ! quel homme ce doit être, cet André Nouvel ! »

— Il a fait bien des livres qui ne sont pas pour les jeunes filles, insinua Gertrude.

— Que voulez-vous ! il en faut pour tout le monde, » riposta Annette qui ne souffrait pas une ombre sur ses enthousiasmes.

Sur les trois pianos d’en bas, à la lueur des bougies, les gammes avaient recommencé de rouler leur flot musical ; dans la pièce contiguë, Ogoth Bjoertz, penchée près de sa lampe, tra-