Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/53

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Puis elle ajouta câlinement :

« Ne vous fâchez pas, my dear, j’avais à vous parler, et cela m’agaçait de vous voir lire. « Mother Hubbard » m’a débarrassée de votre lettre, je vous promets que c’est fini maintenant ; seulement, dites-moi, quelle mine faut-il faire à cette mulatto qui nous arrive du pays noir ?

— Ne prenez pas souci d’elle, mon petit chat ; les Français ont sur ces gens-là des idées terriblement saugrenues. Ils les considèrent comme des égaux, et les traitent en camarades : c’est ce qui vous explique l’extraordinaire conduite de Mme de Bronchelles. Mais, pour vous, je vous recommande de veiller à n’être pas trop familière avec cette fille ; vous êtes jeune et naïve, comme ceux de son espèce elle doit être intrigante, vous seriez capable de vous lier avec elle ; n’oubliez pas ce que nous répétait notre oncle de Tobago : « Peau de mulâtre, cœur de serpent ».

Nelly se préparait à protester de son dédain, quand une petite cloche au son fin, sur le faîte de la maison, se mit à chanter le dîner. Une à une, sur les deux paliers, les portes s’ouvrirent précipitamment, laissant passer les jeunes filles. L’escalier ruisselait de lumière, illuminé çà et là par des bouquets de trois poires électriques. Frida,