Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/70

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Vittoria Ormicelli. Il ne le lui a pas avoué, je vous prie de croire, mais c’était facile de voir que chaque jeudi il la faisait causer, causer, causer. Au début cela ne réussissait pas, car vous savez qu’elle est rêche et muette comme un poisson ; mais il s’est aperçu que le thé la mettait en train, alors il était aux petits soins pour lui en faire prendre deux, trois, quatre tasses, et après, cela marchait comme sur des roulettes, Vittoria aurait bavardé jusqu’à six heures du matin. Seulement, ce qu’il y a de plaisant, c’est que la pauvre fille ne soupçonne pas que ces attentions étaient intéressées, et qu’elle ne comprendra jamais la vraie raison pour laquelle André Nouvel lui a fait absorber tant de thé ; si elle savait !

— Ça n’est pas déjà si désagréable d’avoir inspiré un homme de ce talent-là, riposta Annette, et de lui avoir servi de modèle. »

On entendit sur le sable du jardin le bruit du petit omnibus élégant qui jouait le rôle de calèche à la pension du Sphinx, et qui transportait chaque jeudi le jeune bataillon féminin de la villa au petit hôtel du boulevard qu’habitaient André Nouvel et sa mère. Du haut au bas de la maison alors, les portes battirent, les jeunes filles en toilettes claires se précipitèrent dans l’escalier, bai-