Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/75

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brissantes approches de l’âge mûr, on pouvait dire de lui l’expression vulgaire : « il avait gagné », la peau mate, les cheveux noirs opulents, l’extérieur souverainement artiste, l’apparence frappante d’un intellectuel, il avait de quoi plaire, d’autant qu’il en avait le souci et qu’on le voyait perpétuellement aimable.

Sous la lumière voilée d’une lampe, enfouie dans un grand fauteuil levantin, une petite vieille dame paraissait dormir ; à la table de travail de l’écrivain, la place du maître de céans était prise par un autre jeune homme, beaucoup moins somptueux que ce dernier, qui, quoique n’étant pas son secrétaire, avait la bonté de lui corriger ses épreuves ; et dans le fond, un meuble étrange, comme une voiture d’enfant démesurément longue, dans laquelle s’agitait une petite tête éveillée, au milieu de grandes images peintes étalées. De temps en temps, une voix maladive, une voix efféminée de petit garçon partait de ce coin à l’adresse du correcteur de la table :

« Dis, qu’est-ce que c’est que cela, Henri ? dis, dis ? »

À chaque fois, le jeune homme à l’air pauvre se levait pour expliquer l’image intrigante, puis il revenait reprendre son travail, fait de brusques