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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/78

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avec une animation méridionale qui distrayait autant l’ami de Nouvel que l’enfant. Nelly et Frida rôdaient autour de Mme de Bronchelles, d’Annette et de l’écrivain, secrètement curieuses de la manière dont celui-ci allait traiter celle-là, et se doutant qu’il allait tout à fait oublier avec elle sa dignité d’Européen. Ces petites Anglaises, éminemment paresseuses, avaient l’esprit très fin ; elles pressentaient que l’originalité du type nouveau séduirait le Parisien blasé, et en cela elles s’étaient montrées fort avisées, car, depuis qu’Annette Maviel avait posé le pied dans ce salon, André Nouvel n’avait guère regardé qu’elle, si bien que Gertrude Laerk, prompte à tirer toujours des généralités d’un fait, se disait à part elle :

« Sûrement, dans son nouveau roman, il y aura une mulâtresse. »

Mais la voix de la Norvégienne, harmonieuse et posée, détourna bientôt le cours des diverses pensées de tout le monde ; elle s’était approchée du petit malade qu’elle avait cru devoir examiner.

« Monsieur Nouvel, disait-elle sans aucune pédanterie, mais avec cette sincérité transparente dans sa personne qui lui ôtait toute apparence désobligeante d’étudiante de mauvais ton, Mon-