Aller au contenu

Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

divin magicien de Nouvel jetait par hasard les yeux sur elle et découvrait ce qui se passait dans son cœur. Elle avait beau étudier sa contenance, se faire un petit air dégagé et indifférent, il lui semblait que son admiration transparaissait au dehors, et que d’un seul regard Il allait découvrir son cher secret, lire comme elle s’était enthousiasmée de lui. Elle n’osait plus lever les yeux ni dire un mot qui aurait pu la trahir, ni faire un mouvement qui aurait attiré l’attention sur elle ; elle n’épiait plus que l’occasion de s’enfuir vers un autre coin, pour échapper à l’inquisition de ce liseur de pensée dont le pouvoir devenait si terrible pour elle. Mais elle avait compté sans ce qu’elle ignorait, la curiosité qu’éprouvait l’écrivain à l’endroit de sa personne, et, juste comme elle allait se lever, il se tourna vers elle et engagea la causerie, sans souci de la soudaine timidité qui avait saisi la créole devant lui.

Si dans l’âme fraîche et sereine d’Annette éclosait en sourdine ce premier roman délicieux, dans le salon voisin, un drame tout autant silencieux, mais autrement remuant, s’élaborait en secret dans le cœur ténébreux de la Florentine Vittoria.

Placée à une table où les Anglaises s’étaient assises avec ses sœurs pour voir des illustra-