Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/87

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tions, mais placée de façon à suivre du regard les moindres mouvements d’André Nouvel, qui était demeuré avec le reste de la société dans son cabinet de travail, la plus légère ligne de ses traits n’avait pas bougé. Son fragile visage, toujours sérieux mais impassible, était demeuré ce qu’il était des semaines auparavant, quand, depuis l’heure de son arrivée jusqu’à son départ, elle avait la gloriole de voir le jeune Maître occupé d’elle ; et personne ne pouvait soupçonner quelle énergie de fer il lui fallait, pour se raidir toute contre la colère jalouse et amère qui l’emplissait et qui demandait des larmes. Mais, plus l’orage était extérieurement maîtrisé, plus il dévastait profondément l’âme de la jeune fille.

Précoce par son esprit réfléchi, et inexpérimentée comme une enfant de seize ans, Vittoria avait eu une époque d’éblouissement quand elle s’était aperçue de la grande place qu’elle tenait dans l’attention d’André Nouvel. Elle venait d’arriver en France, elle traversait l’enchantement d’un être jeune transporté dans un beau pays nouveau — cet enchantement par lequel la créole passait présentement, et qui, moins violent, avait été chez Vittoria plus conscient et plus délibéré, — elle était sous le coup de l’exaltation forcée