le plus charmant de jeune fille qu’on puisse rêver, et vous aurez créé Annette Maviel, ce qui pourra passer pour votre chef-d’œuvre, par parenthèse ; et imaginez encore que ce trésor, à moi confié par le père, un vieux compagnon d’enfance, j’ai le mandat de m’en dessaisir au profit du mari le mieux assorti que je lui trouverai. Vous comprenez bien, n’est-ce pas, cette enfant adorable contre laquelle j’aurais troqué ma propre fille, si Dieu m’en avait donné une, il me faudra la donner un jour à un représentant de votre sexe disgracieux et disgracié, ignorant de la vertu et des beautés, et qui est bien ce qui a été créé de plus vilain sous le soleil.
— Je vous suis bien obligé, ma cousine, reprit André Nouvel en s’inclinant ; mais dites-moi, votre trésor est-il riche ?
— Dans les quatre ou six millions en cannes à sucre. On m’a fait la politesse de me dire que, dans les colonies, ce petit accessoire-là serait un épouvantail pour l’amoureux d’une quarteronne qui craindrait de faire croire à un mariage d’argent, mais qu’en France ce serait différent…
— Que voulez-vous, les temps sont si mauvais ! Enfin, le chiffre est joli et le parti l’est plus encore. Je vous promets de rêver cette nuit de votre petite