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Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/97

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négrillonne ; j’ai rangé dans mon intellect ou ma mémoire, comme dans un musée, les différentes figures de jeunes filles que j’ai rencontrées et étudiées, et ma collection est une chose curieuse, je vous assure : j’y ai mis votre insaisissable Vittoria, j’y ai classé la prestigieuse Ogoth Bjoertz avec l’étiquette de « Sémiramis », Annette y sera demain, et point du tout vassale de la Norvégienne, je vous prie de croire ; elle mérite aussi la royauté, ce sera la petite reine de Saba.

— Pauvre Annette ! reprit Mme de Bronchelles, si je pouvais plutôt lui trouver quelque bon et jeune bourgeois bien honnête ! Je me soucie fort peu de votre musée, mon cher Nouvel, vous feriez bien mieux de m’aider dans ma tâche.

— La marier ? s’écria l’écrivain en riant ; soit, ma cousine, j’y penserai. »

Et comme « sa cousine » paraissait incrédule :

Pourquoi pas ? je vous promets d’y réfléchir très sérieusement. »

Dans l’autre coin, le grand jeune homme qui se nommait Maréchal, mais qu’on n’appelait jamais que M. Henri, coupait des biscuits en mouillettes que le petit infirme pût tremper dans le thé ; à sa droite et à sa gauche, le poing aux hanches, les Anglaises le regardaient faire.