Page:Yves - La Pension du Sphinx.djvu/98

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« Dites donc, M. Henri, quand jouera-t-on la pièce de M. Nouvel ?

— Dans huit jours, Miss Nelly : elle doit être affichée après-demain. »

Annette leva les yeux sur le normalien à cette assurance de voir bientôt le nom magique sur les murs de Paris ; et elle se dit que ce grand jeune homme silencieux pourrait bien être moins timide qu’il n’en avait l’air, et que, s’il ne causait pas, c’était peut-être qu’il ne trouvait personne à qui parler. Il avait le nez droit et énergique, le crâne large, l’œil ferme, et rien de gauche dans sa taciturnité. Seulement, il avait le malheur d’être le satellite obéissant et dévoué d’un astre trop brillant, et son attachement à son ami Nouvel mettait dans l’ombre sa valeur. Annette n’eut pour le satellite qu’un regard distrait, elle n’avait vu que l’astre.

« Moi, quand je serai grande, Étienne, je serai médecin comme Ogoth, disait Giuseppa, et je te guérirai.

— Donne-moi une brioche en attendant », soupirait l’enfant.

Et Annette, pour être aimable :

« Quel âge a-t-il, monsieur, votre petit frère ?

— Neuf ans, mademoiselle.